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Doctrine de la guerre juste

Définition :

La doctrine de la guerre juste est un principe de philosophie morale qui justifie le recours à la guerre sous certaines conditions éthiques strictes, notamment la cause juste, l’autorité légitime, l’intention droite, la probabilité de succès, la proportionnalité et le dernier recours.

Synonymes et termes connexes :

  • Théorie de la guerre équitable
  • Concept de la guerre légitime
  • Principe de la belligérance justifiée
  • Philosophie de la lutte armée morale
  • Notion de conflit légitimé

Définition complète de "Doctrine de la guerre juste"

La doctrine de la guerre juste est un concept moral et philosophique visant à déterminer les conditions dans lesquelles l’initiation ou la conduite d’une guerre peut être considérée comme moralement justifiable. Les origines de cette doctrine remontent à des philosophes tels que Cicéron, Augustin d’Hippone et Thomas d’Aquin, et elle continue d’influencer le droit international humanitaire et les règles d’engagement contemporains.

La doctrine est généralement divisée en deux volets principaux : le jus ad bellum (le droit de faire la guerre) et le jus in bello (le droit dans la guerre). Le jus ad bellum établit les critères qui doivent être satisfaits pour qu’une guerre soit déclarée juste avant son commencement, tandis que le jus in bello régit la conduite des parties en conflit pendant la guerre.

Les critères du jus ad bellum incluent :

  • La cause juste : La guerre doit être menée pour corriger un tort grave.
  • L’autorité légitime : Seul un souverain ou une entité reconnue a le droit de déclarer la guerre.
  • L’intention droite : L’objectif doit être de promouvoir le bien et éviter le mal.
  • La probabilité de succès : Il doit y avoir une chance raisonnable de réussite.
  • Le dernier recours : La guerre ne doit être menée qu’après l’échec de toutes les alternatives pacifiques.
  • La proportionnalité : Les avantages attendus de la guerre doivent être proportionnels aux dommages qu’elle cause.

Quant au jus in bello, il impose :

  • La discrimination : Il doit y avoir une distinction claire entre les combattants et les non-combattants, ces derniers étant à l’abri des hostilités.
  • La proportionnalité : Les moyens utilisés pour atteindre les objectifs militaires doivent être proportionnels aux objectifs poursuivis.
  • L’interdiction des moyens de guerre injustes : L’utilisation d’armes qui causent des souffrances inutiles ou qui ne peuvent distinguer entre combattants et non-combattants est interdite.

La doctrine de la guerre juste continue d’être un sujet de débat intense parmi les politiciens, les militaires, les juristes et les intellectuels, en particulier dans le contexte de conflits récents où les frontières traditionnelles entre les États et la nature de la guerre s’estompent. Toutefois, elle sert de référence éthique pour évaluer la légitimité des conflits armés.

Implications contemporaines et légitimité internationale

Dans le contexte moderne, la doctrine de la guerre juste se retrouve confrontée à des défis de légitimité en raison de l’évolution des normes et lois internationales. Ces changements se structurent autour des conventions de Genève, des statuts de la Cour pénale internationale et de l’émergence d’une jurisprudence récente axée sur les droits humains. La légitimité d’un conflit armé, dans le cadre de cette doctrine, doit ainsi se mesurer à la capacité d’un état ou d’une coalition à obtenir le consensus de la communauté internationale, notamment à travers des organismes comme l’ONU. L’adoption de résolutions ou de sanctions internationales est souvent envisagée comme un indicateur d’autorité légitime à conduire des opérations militaires.

Débat éthique autour de la responsabilité de protéger

La notion de la responsabilité de protéger (R2P) entretient un dialogue étroit avec la doctrine de la guerre juste. Ce principe émergeant souligne la responsabilité des États et de la communauté internationale à protéger les populations contre les génocides, crimes de guerre, épurations ethniques et crimes contre l’humanité. Il soulève cependant un débat éthique intense autour du droit d’intervenir militairement dans un pays souverain. Les critiques de la R2P mettent en avant le danger de l’utiliser comme prétexte pour des interventions politiques ou économiques déguisées, alors que ses partisans y voient un moyen d’actualiser concrètement des préceptes de la guerre juste pour la protection des populations vulnérables.

Le principe de proportionnalité et son application

Le principe de proportionnalité demeure un des éléments cardinaux de la doctrine de la guerre juste, qui exige que les moyens utilisés dans un conflit armé soient proportionnels aux fins visées. Cependant, l’application de ce concept est complexe dans les guerres d’aujourd’hui, notamment en raison de l’asymétrie croissante des conflits et de l’impact des armes modernes sur les populations civiles. Les débats éthiques et juridiques se concentrent donc sur l’évaluation des dommages collatéraux, l’utilisation de la force et les stratégies militaires en présence. Certains argue que l’usage de certaines armes ou tactiques pourrait constituer en soi une violation des principes de la guerre juste, indépendamment des intentions ou des résultats stratégiques obtenus.

FAQ sur le sujet "Doctrine de la guerre juste"

Les origines de la doctrine de la guerre juste remontent à des penseurs de l’Antiquité comme Cicéron, mais elle a été principalement élaborée dans le contexte du christianisme par Saint Augustin au IVe siècle. Cette doctrine a ensuite été amplement développée par des théologiens médiévaux, en particulier Saint Thomas d’Aquin au XIIIe siècle, qui a intégré les critères de la guerre juste dans sa conception philosophique et théologique de la société et de l’éthique. Au fil du temps, ces concepts de guerre juste ont influencé le développement du droit international humanitaire moderne.
Au fil de l’histoire, la doctrine de la guerre juste a été appliquée et interprétée de manières diverses, tantôt servant de justification éthique à des guerres défensives ou libératrices, tantôt utilisée pour légitimer des conflits expansionnistes ou coloniaux sous couvert d’autorité morale ou divine. Ces applications ont évolué avec les contextes historiques, influençant les décisions politiques et les discours publics sur la légitimité et la moralité de la guerre.
Les principaux défis et critiques de la doctrine de la guerre juste dans les conflits modernes résident dans sa difficulté à s’adapter aux guerres asymétriques et à la complexité des interventions internationales, accentuée par les risques d’abus sous couvert d’humanitarisme ou de prétextes sécuritaires. En outre, la doctrine est souvent contestée pour son potentiel à être instrumentalisée par les États afin de légitimer unilatéralement des actions militaires sans le consensus international requis.

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