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Principe de la compétence universelle

Définition :

Le principe de la compétence universelle est une doctrine juridique qui permet à un État de poursuivre les auteurs de certains crimes graves en droit international, tels que le génocide, les crimes de guerre et la torture, indépendamment du lieu où ces crimes ont été commis et de la nationalité de l’auteur ou de la victime.

Synonymes et termes connexes :

  • Principe de juridiction universelle
  • Compétence judiciaire universelle
  • Juridiction globale
  • Principe de justice sans frontières
  • Compétence pénale internationale
  • Juridiction mondiale
  • Principe d’universalité de la justice pénale

Définition complète de "Principe de la compétence universelle"

Le principe de la compétence universelle est une notion juridique en droit international public permettant à un État de revendiquer la compétence juridique sur un accusé, indépendamment du lieu où le crime a été commis, de la nationalité de l’accusé ou de la victime, et de l’existence de liens avec l’État poursuivant. Cette prérogative a pour objectif principal la lutte contre l’impunité en ce qui concerne les crimes considérés comme les plus graves pour la communauté internationale toute entière, tels que :

  • Le génocide
  • Les crimes de guerre
  • Les crimes contre l’humanité
  • La torture
  • Le terrorisme

Cette doctrine permet donc à des pays, même non directement affectés par ces crimes, d’exercer leur justice et d’entreprendre des poursuites. Le principe de la compétence universelle revêt une importance capitale dans le renforcement du droit international humanitaire et des droits de l’homme, en garantissant que les auteurs de violations graves ne puissent trouver refuge dans aucun pays. Cependant, l’application de ce principe reste complexe et parfois controversée, relevant souvent d’un équilibre entre la nécessité de justice et des considérations politiques ou diplomatiques.

Application et portée de la compétence universelle

La compétence universelle s’appuie sur l’idée que certains crimes sont tellement graves qu’ils affectent l’ensemble de la communauté internationale et de ce fait, ne doivent laisser aucun refuge possible aux auteurs. Les États ne sont pas seulement autorisés, mais dans certains cas, en vertu de conventions internationales ou de coutumes, sont tenus d’agir. Par exemple, la Convention contre la torture exige que les États parties poursuivent les tortionnaires quand ils sont présents sur leur territoire. Cependant, l’application pratique de la compétence universelle varie d’un État à l’autre, en fonction de leur législation interne et de leur engagement envers les traités internationaux. Certains États ont exercé avec succès leur compétence universelle en poursuivant et en jugeant des crimes de droit international, fournissant ainsi un précédent judiciaire pour de futures affaires.

Les défis de la mise en œuvre

Même si la compétence universelle est largement reconnue en droit international, sa mise en œuvre rencontre plusieurs défis. Parmi eux, la collecte de preuves, souvent compliquée par la distance géographique et les circonstances dans lesquelles les crimes ont été commis, rend difficile l’établissement de dossiers solides. De plus, des questions de diplomatie et de souveraineté nationale peuvent interférer, certaines nations voyant la compétence universelle comme une atteinte à leur souveraineté. Il arrive aussi que la pression politique et des intérêts économiques entravent la capacité ou la volonté des États à procéder à des arrestations ou à des poursuites, ce qui souligne le besoin d’une coopération et d’une coordination internationales renforcées afin de surmonter ces obstacles.

Impacts et perspectives d’avenir

Le recours au principe de la compétence universelle a des répercussions majeures sur le droit international humanitaire et la lutte contre l’impunité. D’une part, il renforce le droit international humanitaire en affirmant que les droits élémentaires de l’homme transcendent les frontières nationales. D’autre part, il incite les états à renforcer leurs législations nationales pour être en adéquation avec les normes internationales. La tendance actuelle montre une lente mais certaine montée en puissance de ce principe, notamment avec le soutien croissant des organisations internationales et des ONG qui militent pour une justice globale et inconditionnelle. Cet engouement international laisse présager une avancée future vers plus d’universalité dans la répression des crimes contre l’humanité et un renforcement de la justice pénale internationale.

FAQ sur le sujet "Principe de la compétence universelle"

Les crimes typiquement susceptibles d’être poursuivis en vertu du principe de la compétence universelle comprennent le génocide, les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre, et la torture. Ces infractions sont reconnues comme étant d’une gravité telle qu’elles portent atteinte aux intérêts fondamentaux de la communauté internationale dans son ensemble. Des crimes tels que l’esclavage, la piraterie, et les attaques terroristes sont également susceptibles de relèver de ce principe selon certaines législations nationales et conventions internationales.
Les États exercent la compétence universelle en adaptant leur législation nationale pour incorporer ce principe et en coopérant avec d’autres pays et organisations internationales pour enquêter, arrêter et poursuivre les individus accusés de crimes internationaux graves, peu importe où ces crimes ont été commis.
Les principaux obstacles juridiques à la mise en œuvre de la compétence universelle incluent les difficultés de collecte de preuves et de coopération judiciaire internationale, tandis que les obstacles politiques impliquent souvent des réticences liées à la souveraineté nationale, ainsi que des influences diplomatiques et économiques pouvant limiter la volonté des États d’engager des poursuites.

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