Origines de la doctrine Monroe
La genèse de la Doctrine Monroe se situe dans le contexte post-colonial du début du XIXe siècle. L’indépendance des colonies espagnoles et portugaises en Amérique latine a créé un vide de pouvoir que les États-Unis et la Grande-Bretagne, désireux d’éviter que d’autres puissances européennes ne le comblent, cherchaient à protéger. Il était impératif pour les États-Unis, dont l’indépendance était elle-même relativement récente, de prévenir la recolonisation de leurs voisins et de consolider leur position en tant que puissance influente dans l’hémisphère occidental.
L’intervention du président James Monroe, influencé par son Secrétaire d’État John Quincy Adams, était visionnaire. L’établissement de la doctrine porte son nom, visait alors non seulement à prévenir les interventions européennes, mais aussi à poser les bases d’une politique étrangère tournée vers l’isolationnisme. Elle a marqué le début d’une ère de politique étrangère centrée sur l’Amérique, dans laquelle les États-Unis s’auto-déclaraient protecteurs des Amériques.
Impact et évolution de la doctrine
L’impact de la Doctrine Monroe ne fut pas immédiat dans la pratique; c’est surtout sa portée symbolique qui a été prononcée au début. Avec le soutien de la puissance navale britannique, qui coïncidait avec les intérêts américains pour contrecarrer les visées expansionnistes des autres puissances européennes, la doctrine a gagné en crédibilité. Cependant, au fil des décennies, elle est devenue un outil de politique étrangère par lequel les États-Unis ont affirmé leur droit, réel ou présumé, à intervenir militairement dans la région.
Au tournant du XXe siècle, sous la présidence de Theodore Roosevelt, la Doctrine Monroe a été étendue avec le Corollaire de Roosevelt, qui affirmait le droit des États-Unis à intervenir dans les affaires économiques des pays de l’Amérique latine. Ce corollaire fut utilisé comme justification à de nombreuses occupations militaires dans les Caraïbes et en Amérique centrale, établissant ainsi une forme de contrôle indirect sur les politiques et économies régionales par les États-Unis. Cette extension de la doctrine a contribué à forger une politique de « grand bâton » (« Big Stick ») qui a façonné les relations interaméricaines pendant de nombreuses années.
Le XXe siècle a aussi vu la doctrine être utilisée comme un mécanisme de contestation du communisme et de la présence soviétique dans l’hémisphère occidental, notamment pendant la crise des missiles de Cuba en 1962. Cet événement, en particulier, a accentué la portée mondiale de la doctrine, la propulsant au cœur de la stratégie globale de la Guerre Froide.
De nos jours, bien que la nature des interventions ait changé, la philosophie sous-jacente de la Doctrine Monroe, celle d’une sphère d’influence américaine dans l’hémisphère occidental, reste un aspect clé de la politique étrangère des États-Unis. Les débats continuent sur la façon dont cette doctrine devrait être appliquée à l’ère moderne, où les questions d’intervention militaire, d’aide économique, et de relations diplomatiques sont pondérées par des préoccupations sur les droits de l’homme et le principe de non-ingérence.